Notre histoire

le tramway de pithiviers à toury

Lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1889, Paul Decauville assura le transport des visiteurs des Invalides au Champs de Mars à l'aide de petites locomotives à vapeur et de baladeuses, le tout posé sur de la voie "portable" à un faible écartement de 60cm.

Ce système de voie portable trouvera un grand succès dans les exploitations industrielles, agricoles et minières. Le principe de la voie portable est de pouvoir assembler facilement un réseau à l'image des trains miniatures d'aujourd'hui où il suffit d'emboiter des petits morceaux de voie pour créer un circuit complet ! La voie portable, ou voie "Decauville", sera malheureusement célèbre pour son utilisation militaire, notamment lors de la Première Guerre mondiale où elle servait à ravitailler le front. Elle était démontée puis remontée au fur et à mesure de l'avancée du champs de bataille, ne laissant aucune trace pour l'ennemi !



Suite au franc succès de ce nouveau moyen de transport ayant fait ses preuves lors de l'Exposition Universelle, plusieurs projets de lignes à voie étroite, cette fois-ci avec du rail beaucoup plus lourd et des installations fixes. Parmi ces projets, une ligne reliant les villes de Pithiviers, dans le Loiret, et de Toury, dans l'Eure-et-Loir, le futur Tramway de Pithiviers à Toury (TPT). A savoir que l'appellation "tramway" est légèrement différente de l'appellation actuelle, le mot "tramway" était donné aux chemins de fer situés en bordure de route. En effet, la ligne du TPT était, sur la quasi-totalité du parcours, posée en bordure de route.


C'est en juillet 1892 que la ligne, longue d'environ 30 kilomètres, accueillit les premiers voyageurs !
La vocation première de cette ligne était le transport de voyageurs entre les deux villes, ainsi que toutes les petites haltes sur le parcours. Il sera assuré au début par des locomotives à vapeur de type 021T ou 020+020T Decauville ainsi que six voitures de type AB, construites par Decauville également. À partir des années 20 des autorails ont progressivement fait leur apparition pour tenter de réduire les coûts d'exploitation. Le premier d'entre eux, l'AT1, est d'ailleurs toujours préservé par l'association !
Une autre activité, bien plus rentable, devint avec le temps de plus en plus importante sur la ligne, le transport de betteraves. Plusieurs embranchements étaient présents sur la ligne pour récupérer les cultures dans les différentes fermes pour ensuite les conduire dans l'une des deux sucreries de Toury ou de Pithiviers. Les plus gros convois transportaient jusqu'à 250 tonnes de betteraves !


L'arrivée de l'automobile et plus tard du transport par camion mettra un terme au service voyageurs en 1952, puis au trafic marchandise en décembre 1964. Des trains spéciaux furent organisés par des passionnés pour faire revivre une dernière fois l'ambiance particulière de ce chemin de fer si précieux à leurs yeux.

la création de l'association

En 1965, l'Association du Musée des Transports de Pithiviers (AMTP) est née pour préserver une partie du patrimoine des chemins de fer secondaires, sans oublier le TPT. Grâce à la Fédération des Amis des Chemins de fer Secondaires (FACS) et à l'Association du Musée des Transports Urbains, Interurbains et Ruraux (AMTUIR), le Conseil Général du Loiret, alors propriétaire du matériel et de la ligne, donna son accord pour l'ouverture du musée. Deux locomotives à vapeur, l'autorail Crochat AT1 et des wagons sont cédés à l'association, ce qui lui permit de commencer son activité touristique.


L'inauguration a eu lieu le 23 avril 1966 en gare de Pithiviers-Musée. La locomotive en charge du train inaugural (la 030T Blanc-Misseron numéro 3-5) circula sur le TPT jusqu'à sa fermeture. Les voitures voyageurs conçues sur des châssis de wagons de marchandise anglais Clayton de la Première Guerre mondiale sont des évocations des baladeuses Decauville de type KE, notamment présentes sur l'ancien tramway balnéaire de Royan. Le convoi emprunte alors l'ancienne ligne du TPT pour la première fois en tant que train touristique, avant de s'arrêter au terminus d'Ormes, le long de la route. Il faudra attendre 1971 pour prolonger la ligne vers le terminus actuel de Bellebat, rajoutant environ 800m de parcours.


Le site de Bellebat n'est donc pas d'origine du réseau puisqu'il s'agit d'un ancien terrain d'entraînement militaire, avec une gare reconstruite de toutes pièces dans un style "Sologne" des anciens Tramways du Loiret (TL). Du côté de Pithiviers, une partie des bâtiments d'origine sont préservés comme l'atelier de réparation des wagons, devenu le musée, l'atelier de peinture, devenu la gare, ou encore le magasin et l'atelier de menuiserie, devenus des lieux de vie pour les bénévoles. Le dépôt a quant à lui gardé sa fonction d'origine : il abrite les machines et permet l'entretien et la restauration du matériel de l'association.


Au fil des années, la collection s'est enrichie de nouveaux matériels en provenance de France ou de l'étranger. Certaines pièces du TPT auparavant parties vers d'autres réseaux sont même revenues sur leurs terres d'origine !


Aujourd'hui, nous continuons de faire vivre cette histoire en restaurant et en complétant notre collection.